Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du mardi 9 juin 2020 à 22h30
Débat sur l'austérité dans la santé et la casse de l'hôpital public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

La France les a applaudis ; à présent, vous devez les entendre. Voilà plus d'un an et demi que le personnel soignant et non-soignant de l'hôpital vous alerte par tous les moyens, par la grève et la manifestation.

Le diagnostic est clair : notre système de santé et l'hôpital public – sans doute notre bien le plus précieux, admiré à travers le monde – sont à bout de souffle. Ce n'est pas le fruit du hasard. Depuis des décennies, ils subissent la politique de libéralisation et de privatisation qui a transformé petit à petit les lits en ligne de fichiers Excel, les patients en temps chronométré, les soins en actes quantifiés et valorisés et, en définitive, l'hôpital en une banale entreprise.

Il aura donc fallu une pandémie et une crise sanitaire sans précédent pour que vous prétendiez enfin leur apporter l'attention qu'ils réclament en lieu et place des coups de matraque ou des tirs de gaz lacrymogène qu'ils ont connus.

Mais soyez prévenus : l'attention ne suffira pas, vous êtes attendus au tournant. Fini les plans santé prétendant injecter de l'argent alors qu'ils ne font qu'amoindrir les économies demandées. Moins d'économies, cela reste des économies. Or des économies sur la santé et les lits à l'hôpital, on sait désormais trop bien comment cela se termine : 69 000 lits de moins en quinze ans, période pendant laquelle la Commission européenne exigeait des États membres qu'ils fassent des économies dans le secteur de la santé.

Pendant cette crise sanitaire, le personnel de l'hôpital aura été exemplaire dans sa capacité d'adaptation et d'auto-organisation. L'humain gère mieux l'hôpital que les calculatrices.

Je disais que la France les a applaudis et que vous devez les entendre. En fait, c'est bien plus que cela. Vous devez donner suite à leurs revendications et traduire celles-ci dans la loi. Telle doit être l'issue de votre nouveau tour de passe-passe nommé Ségur de la santé car il n'y a pas besoin de refaire le diagnostic : il est établi.

Allez-vous, oui ou non, augmenter les salaires ? Allez-vous, oui ou non, embaucher pour soulager les effectifs ? Allez-vous, oui ou non, en finir définitivement avec la politique de fermeture de lits ? Allez-vous, oui ou non, augmenter de façon importante le prochain budget de la santé ?

J'appelle tous les Français qui ont applaudi les personnels de santé tous les soirs à vingt heures à leur fenêtre, à descendre dans la rue mardi prochain, le 16 juin, pour les accompagner. Le moment est venu pour vous de céder enfin.

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