Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du mardi 3 mars 2020 à 15h00
Motions de censure — Discussion commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

L'acte II, promis par le Président de la République il y a plus d'un an, n'a pas eu lieu. Quel dommage ! Votre décision d'engager la responsabilité du Gouvernement est en la démonstration incontestable. Pourtant, qu'avions-nous entendu à la suite de la mobilisation des gilets jaunes ? Que les décisions ne seraient plus prises de Paris, par Paris et pour Paris ; que le Parlement, le dialogue social et les millions d'hommes et de femmes qui servent nos territoires seraient enfin respectés.

Il n'en a rien été. Au contraire, monsieur le Premier ministre, vous êtes aujourd'hui contraint de recourir à une procédure que vous dénonciez vous-même, comme vous l'avez rappelé cet après-midi, lors du quinquennat précédent. Vous ne le faites pas pour discipliner une majorité, mais pour faire cesser les débats, et faire adopter une réforme des retraites qui porte en elle toutes les marques de l'échec de votre méthode.

Je le dis avec d'autant plus de regrets que je suis, comme d'autres membres du groupe Libertés et territoires, favorable au système par points – à condition qu'il réponde à plusieurs exigences, en particulier celle de lutter contre les injustices qui caractérisent le système actuel. Celles-ci frappent aujourd'hui les femmes, ceux qui connaissent une carrière hachée, ceux qui exercent des métiers pénibles ou dangereux, ou certaines professions indépendantes – je pense en particulier aux agriculteurs.

Cette réforme constituait une occasion unique de bâtir un système plus juste, grâce à l'extinction des régimes spéciaux, qui présentaient l'inconvénient de lier les droits à un statut ou à l'appartenance à une entreprise. Elle aurait dû permettre d'aligner les régimes publics et privés, afin de cesser de les opposer constamment.

Cette réforme devait avant tout créer un système de retraite nouveau, prenant en considération les profonds bouleversements qui ont transformé le marché du travail ces dernières décennies ; un système permettant de répondre aux aspirations des jeunes générations, dont les parcours professionnels sont de moins en moins linéaires, et qui réinventent totalement le rapport au travail ; et un système qui préserve les caisses autonomes des retraites des professions libérales.

Mais n'oublions pas que le travail n'est pas qu'épanouissement. Le travail, ce sont aussi des vies de souffrance, le dos courbé : il concerne des hommes et des femmes qui luttent contre le sentiment de ne plus s'appartenir, pour ne pas perdre leur dignité. Cette réforme aurait dû consacrer cette réalité, en portant une attention véritable à la pénibilité, comme notre groupe n'a cessé de le demander.

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