Intervention de Danièle Langloys

Réunion du jeudi 23 mai 2019 à 9h20
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Danièle Langloys, présidente d'Autisme France :

Dans le cas québécois que j'ai évoqué, l'aide éducative a cessé après quatre mois, mais il y a au Québec des services gratuits et la mère pouvait donc, si elle le souhaitait, continuer à demander une aide ponctuelle si celle qui lui avait été accordée n'était pas suffisante. On essaye de procéder ainsi en France maintenant, mais nous avons un très grand retard par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays pour développer la guidance parentale afin que les parents deviennent eux-mêmes autonomes et compétents.

L'Éducation nationale est, de loin, le premier pourvoyeur d'informations préoccupantes : plus de la moitié en provient. L'école repère des difficultés de comportement en classe, qu'elle attribue globalement à des carences éducatives car elle n'a pas d'autres critères : on en revient toujours à l'absence de formation, qui vaut aussi à l'Éducation nationale. Or, il peut s'agir de cela, mais il peut aussi s'agir de troubles neurodéveloppementaux et en particulier de troubles du spectre de l'autisme qui, n'étant pas diagnostiqués et donc pas accompagnés correctement, mettent l'enfant en difficulté. Il réagit alors effectivement par son comportement parce que l'enseignement dispensé ne lui est pas adapté : on n'a pas structuré l'espace et le temps, il n'y a pas d'outils de communication fiables – s'il ne parle pas, par exemple –, il y a trop de bruit ou trop de lumière… Un enfant autiste est très vite mis en difficulté. C'est en tout premier lieu l'absence générale de formation qui crée des dégâts à l'ASE. Il y a bien, de-ci de-là, des travailleurs sociaux pervers qui harcèlent les enfants et les parents – l'affaire Rachel est un cas typique – mais je ne fais pas de ces cas une généralité. Des travailleurs sociaux essayent de bien faire mais ils n'ont pas forcément les outils pour cela et ils sont victimes d'une chaîne : quand ni le médecin ni l'Éducation nationale n'ont fait leur travail, le travailleur social se trouve, en bout de ligne, devoir faire, sans aide particulière, ce qui n'a pas été fait auparavant. Cet enchaînement dramatique résulte de ce que, comme l'a souligné, dans son rapport sur la France, Mme Devandas-Aguilar, rapporteure spéciale de l'ONU sur les droits des personnes handicapées, notre pays n'a toujours pas développé la formation nationale à l'autisme qui permettrait de mener des politiques de santé publique dignes de ce nom, comme cela se fait dans d'autres pays. C'est un problème de fond.

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