Intervention de Chantal Rimbaud

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 11h40
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Chantal Rimbaud, présidente de l'Association nationale des directeurs de l'enfance et de la famille :

La question n'est pas simpliste, nous touchons au coeur de la complexité de la mise en oeuvre, chacun répondant à ses propres logiques institutionnelles. Nous ne pouvons travailler ensemble que si nous acceptons à certains moments de faire un pas vers l'autre dans la compréhension mutuelle de la culture de l'autre, à la fois pour résoudre les situations individuelles et pour développer des projets. Par exemple, dans le département de l'Essonne, nous venons de mettre en place une unité mobile d'accompagnement des adolescents en très grande difficulté, en lien avec l'hôpital intercommunal et la maison des adolescents. Je prends cet exemple parce que c'est une orientation du schéma à laquelle je tenais beaucoup. Dans la mesure où je vais quitter mes fonctions dans quelques semaines, je voulais la mettre en oeuvre avant de partir. Eh bien, nous avons dû persuader l'ARS de la nécessité de ce travail en commun et la convaincre que l'offre de service des centres médicopsychologiques (CMP) ne correspondait pas du tout à la difficulté que nous rencontrions. Un CMP travaille sur le principe de l'égalité. La liste d'attente du CMP est telle que la prise en charge est effective au septième mois. Or, des enfants sont en crise. S'il faut attendre sept mois, imaginez ce qui se passe entre-temps ! Il a donc fallu que nous expliquions à l'ARS pourquoi le CMP, qui est un lieu très intéressant pour la majorité des enfants par ses modes de travail et ses repères sur le plan de l'intervention, ne correspond pas aux besoins de la protection de l'enfance.

Nous avons besoin d'autre chose. L'unité mobile se déplace au domicile des familles et dans les établissements en cas de situation de crise et de difficultés avec les enfants, elle travaille avec le secteur hospitalier pour obtenir des hospitalisations rapides, elle peut mettre en place un traitement dans le cadre de l'urgence, elle peut s'assurer également qu'un enfant n'est pas porteur d'une pathologie psychiatrique qui expliquerait son comportement. C'est l'exemple même de l'organisation d'un travail en réseau qui nous a réclamé 18 mois-2 ans pour aboutir à un partenariat. Nous-mêmes avons consenti un effort, en finançant à 50 % sept unités mobiles que l'ARS finance à parité, les unités s'appuyant sur les ressources hospitalières et de la Maison de l'adolescent. Il s'agit bien là d'un travail en réseau. Le projet a été rendu possible, parce que nous avons été volontaires et que le département disposait des ressources nécessaires. À chaque fois, il faut remettre en question ce travail au réseau.

Nous avons également entrepris un travail avec les services d'aide en milieu ouvert (AMO). M. Hiroux pourrait vous exposer les travaux qu'il a entrepris pour sa part. La nécessité du travail en réseau ne se décrète pas par la loi. C'est bien localement qu'il faut le tisser, à un échelon départemental ou territorial suffisant afin qu'il soit bénéfique et irrigue l'ensemble du territoire. La question ne peut pas être traitée en décrétant qu'il faut un référent par secteur. Elle n'a pas de sens faute de ressources, faute de moyens humains et parfois faute de pertinence en raison du nombre insuffisant de dossiers.

Il s'agit donc d'une évaluation de la situation à partager avec nos partenaires et du type de prise en charge souhaité, des problématiques auxquelles nous voulons répondre et de la façon de travailler en lien avec les CMP afin qu'ils ne se sentent pas dépossédés d'un travail qu'ils n'arrivent pas à faire. Il faut une connaissance et une analyse fines du contexte, avec l'hôpital et la maison des adolescents.

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