Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du mercredi 6 mars 2019 à 16h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Je vois cinq enjeux dans cette privatisation. Le premier, que vient de rappeler M. Jean-Charles Taugourdeau, est symbolique et moral. L'activité des jeux n'est pas une activité comme les autres et j'en veux pour preuve qu'elle finance l'action sociale – comment, d'ailleurs, sera compensée la contribution de 230 millions d'euros au Fonds national pour le développement du sport (FNDS) ? En privatisant la FDJ, vous allez banaliser une activité qui est traitée à part, en France et partout ailleurs en Europe.

Le deuxième enjeu est systémique. La FDJ a le monopole des jeux à gratter. Comment expliquer que ce monopole sera conservé par un acteur privé, alors qu'il était entre les mains d'un acteur public qui finançait aussi des actions sociales ? Si ce monopole tombe, quel sera l'impact pour la FDJ et les autres ? N'y a-t-il pas ici un risque que, demain, la FDJ empiète sur le monopole des casinos ? Comment empêcher que la FDJ ne développe des machines à sous dans les lieux où elle sera implantée ? Le monde des jeux, en France, ressemble à un mikado. En tirant sur un bout, vous allez déstabiliser l'ensemble. J'ai été rapporteur pour avis du projet de loi sur les jeux en ligne et je crains que vous ne bouleversiez l'équilibre que nous avions eu grand peine à trouver entre les jeux en dur et les jeux en ligne.

Le troisième enjeu est financier. Pour reprendre les paroles de Mme Emmanuelle Auriol, professeure à l'école d'économie de Toulouse, les rentes n'iront plus dans la poche du contribuable. Comme pour ADP, votre approche est guidée par le court terme et le besoin de cash.

Il y a enfin un enjeu de santé publique, car il sera plus difficile de lutter efficacement contre l'addiction au jeu, et un enjeu de régulation. Pourquoi ne pas instaurer une autorité de régulation unique, pour permettre au moins de limiter les dégâts ?

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