Intervention de Hervé Saulignac

Séance en hémicycle du mercredi 26 mai 2021 à 21h00
Sécurité civile et valorisation du volontariat des sapeurs-pompiers — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Saulignac :

Garantir la protection des personnes et des biens : voilà un engagement au cœur de notre pacte républicain, parce qu'il est une promesse faite à tous et partout sur le territoire national. Cette exigence nous oblige à nous interroger sur notre modèle de sécurité civile, qui doit évoluer pour rester performant et conserver la reconnaissance que nos concitoyens lui accordent.

À cet égard, je veux remercier à mon tour notre collègue Fabien Matras pour le travail qu'il a réalisé et lui dire que le groupe Socialistes et apparentés est pleinement engagé en faveur de l'objectif recherché.

Permettez-moi en préambule de rappeler que si, en certains endroits, les pompiers en intervention se font parfois caillasser, ils sont aimés et protégés en d'autres endroits, tout simplement parce qu'ils représentent la dernière trace visible du service public. Quand la brigade de gendarmerie est partie, quand la perception a été transférée, quand la devise de la République s'est effacée du fronton de l'école qui a fermé, il reste la caserne avec ses femmes et ses hommes en tenue, il reste cette République qui, par son modèle de sécurité civile, protège, secourt, assiste, préserve et soigne.

Ces forces de secours sont sur tous les fronts et il faut rendre hommage à ceux qui doivent savoir tout faire : chez moi, en Ardèche, la forêt brûle encore trop souvent, le risque radiologique est une réalité, les épisodes cévenols font sortir les rivières de leur lit, le taux d'accidents routiers est plus élevé que partout ailleurs, les sports de pleine nature en milieu périlleux obligent à des interventions complexes et, en novembre 2019, la terre a même tremblé. Sur tous ces fronts, les forces de secours ont été opérationnelles : je les en remercie.

Je ne vous parle pas ici de leur implication face à la pandémie, trop souvent passée sous silence : pourtant, nombreux sont les sapeurs-pompiers à être allés bien au-delà de leurs missions pour assurer le transport de malades, la vaccination, des interventions en EHPAD et bien d'autres initiatives qui confirment leur propension à s'engager quand la situation l'exige.

Alors quel est le constat ? Partout, les interventions pour le secours d'urgence à personne augmentent, cela a été souligné par plusieurs orateurs. Dans le même temps, l'engagement volontaire marque le pas, voire recule dans certains secteurs. Ensuite, l'insécurité s'accroît pour les forces de secours et n'est plus circonscrite à des quartiers urbains ou périurbains. Enfin, la nature même des secours a considérablement évolué, les hommes du feu laissant la place aux hommes de l'assistance à la personne. Ils se sont formés pour prodiguer des soins et leur technicité n'a jamais cessé de progresser.

Cette proposition de loi est donc un exercice d'équilibrisme qui consiste à reconnaître les secours pour ce qu'ils sont devenus, à confirmer la place des autorités sanitaires, sans lesquelles il n'y a pas de régulation et de traitement efficace des urgences, mais aussi à améliorer la réponse ambulancière, depuis trop longtemps suspendue à une réforme de l'urgence préhospitalière, souvent promise mais jamais engagée.

Cette proposition de loi prévoit donc de mieux répartir les flux, de définir la carence ambulancière et de mieux articuler sécurité civile et professionnels de santé.

Elle tente par ailleurs d'ouvrir la voie au principe du numéro unique. S'il convient incontestablement de réduire le nombre de numéros liés aux appels d'urgence, le vrai sujet n'est pas tant le numéro unique que l'organisation qui est à l'œuvre derrière celui-ci. Nous sommes attachés à une réponse sanitaire dès le premier décroché : les assistants et les médecins régulateurs ont fait la preuve de leur efficacité et ne peuvent laisser la place à de simples opérateurs de centres d'appels.

Notre modèle de sécurité assez inédit repose, comme chacun le sait, sur une coopération précieuse entre des pompiers professionnels et des pompiers volontaires. Il faut donc favoriser de nouveaux engagements et fidéliser ceux qui assurent déjà ces missions. À ce titre, je veux saluer les avancées notables en matière de retraites et de protection sociale des volontaires, ainsi que les dispositions concernant leurs employeurs, mais aussi en faveur des sapeurs-pompiers blessés ou décédés en service commandé.

Tous ces points qui seront débattus ne permettront pas d'épuiser le sujet. L'amélioration de notre modèle de sécurité civile suppose que l'on mette un jour sur la table la question du financement des SDIS, dont la charge pèse toujours plus sur les départements et les collectivités. Maintenir à niveau un service public que vous me permettrez de qualifier de vital est un chantier qui ne s'achève jamais. Cette proposition de loi contribue à l'amélioration des secours. Elle est surtout le témoignage de la reconnaissance due à ces femmes et à ces hommes qui s'engagent avec dévouement et professionnalisme.

L'ensemble des députés de mon groupe a accepté de cosigner votre proposition de loi, cher Fabien Matras, apportant ainsi un soutien clair à une cause qui nous rassemble et une gratitude infinie à l'ensemble des sapeurs-pompiers de ce pays.

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