Intervention de Pierre Larrouturou

Réunion du jeudi 9 mai 2019 à 9h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Pierre Larrouturou, économiste et co-initiateur du Pacte « Finance-Climat » :

D'après l'ADEME, 900 000 emplois nets pourraient être créés, en quelques années, si nous nous donnons les moyens de financer sept ou huit grands chantiers, dont la transformation de l'agriculture, l'investissement dans les transports en commun et l'efficacité énergétique dans les bâtiments. L'intérêt social est évident. Quant au pouvoir d'achat, des gens de la Fondation Abbé Pierre montrent l'exemple de familles qui ont gagné 800 euros annuels sur leurs dépenses de chauffage, après que leur HLM a été isolée. Nous comprenons mal pourquoi nous n'accélérons pas.

Au mois de février, le quotidien Le Monde nous a donné une page : 60 % des députés soutiennent notre projet. Dans un régime parlementaire, la France l'aurait repris à son compte. Les soutiens proviennent de toutes les tendances confondues, à l'exception du Rassemblement national (RN), depuis Alain Juppé jusqu'à Podemos. Nous comptons, parmi eux, aussi bien Laurence Parisot du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) que le patron de tous les syndicats européens. Nous avons été reçus par le pape François, et les francs-maçons du Grand Orient nous soutiennent. Je suis très heureux d'une telle union, dans un pays qui se morcelle autant et dans une Europe qui va aussi mal. Parfois, il est normal de cliver et de se différencier ; mais, vu l'urgence, notre projet, que nous proposons depuis déjà deux ans, permettrait de rassembler nos pays. Une telle inertie est regrettable. Peut-être votre commission pourrait‑elle nous aider ?

Nous savons très bien qu'il ne se passera rien au niveau international, avec Donald Trump et Jair Bolsonaro, ni au niveau du G7. L'Europe est-elle capable d'avancer ? C'est dans les mois qui viennent que nous devons définir son projet. Quand vous rendrez votre rapport, nous serons en plein débat sur la direction que devra donner à l'Europe le successeur de Jean-Claude Juncker. L'Europe va-t-elle se donner les moyens de changer de braquet ? C'est trop facile de critiquer Donald Trump, si nous-mêmes, en Europe et en France, n'avançons pas beaucoup plus vite…

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