Intervention de Marc de Basquiat

Réunion du mercredi 18 septembre 2019 à 14h15
Mission d'information sur l'adaptation de la politique familiale française aux défis du xxie siècle

Marc de Basquiat, conseil en politiques publiques :

Je suis heureux de constater que nous partageons le même objectif ; tendance qui me paraît assez générale. Je salue d'ailleurs M. Gilles Lurton, qui a travaillé à ce sujet et que j'ai eu l'occasion de rencontrer l'année dernière. J'ai conscience que la préoccupation est partagée, mais la difficulté rencontrée réside dans l'extrême sensibilité à la question du monde politique, et peut-être aussi de l'opinion.

On constate une confrontation historique entre les tenants du quotient familial et ceux d'une redistribution devant s'adresser d'abord aux pauvres ; ce qui malheureusement empêche de dégager un consensus. M. Lurton a d'ailleurs été confronté à cette situation assez désagréable, et je forme très fortement le souhait que les travaux de cette mission d'information n'aboutissent pas au même résultat. Je considère que le travail conduit par MM. Gilles Lurton et Guillaume Chiche a été d'une très grande qualité, et je suis très heureux de constater que ces deux députés sont membres de cette mission d'information pour accomplir cet acte II et aller au bout de la démarche.

Le nœud du problème demeure toutefois cette confrontation entre la droite qui défend mordicus le quotient familial, fût-ce en dépit de toute logique économique au prix d'une posture politique, et une gauche qui souhaite plutôt aider les familles pauvres, et considère que les riches n'ont pas besoin d'aide. Tant que nous serons coincés dans ce débat, il sera très compliqué d'avancer ; j'ignore par quel moyen, mais cette opposition doit être dépassée. En effet, le pays est bloqué : les riches surveillent leur feuille d'impôt alors que les pauvres regardent quel est le niveau des aides. Personne n'y comprenant rien parce que le système est incompréhensible, ils acceptent ce qu'on leur donne, car ils ne peuvent pas négocier.

Nous sommes ainsi placés devant un problème de nature politique : si la mission d'information parvient à débloquer la situation, elle aura fait un travail formidable dont je serai le premier promoteur !

S'agissant des jeunes de 16 à 25 ans, il est vrai que certains font la promotion d'un RSA qui commencerait, non plus à 25 ans, mais à 17 ans. Je présente depuis très longtemps le revenu universel sous ses différentes appellations, et j'échange avec beaucoup de gens sur ces questions. Je constate à cette occasion l'inquiétude exprimée par des parents modestes, qui disent : « Si l'on donne 500 euros à mon gamin dès l'âge de 18 ans, je ne le tiens plus. » Il faut donc rester prudent et penser aux parents aux revenus modestes qui ne voient pas d'un bon œil la perspective que leur enfant pourrait percevoir un revenu supérieur au leur.

C'est pourquoi j'évoque un revenu pour l'enfant de 200 euros et un revenu pour le jeune adulte d'un montant de 250 euros, servi jusqu'à l'âge de 25 ans, pouvant être augmenté de mesures plus ponctuelles destinées à accompagner l'autonomie. Il faut cependant rester prudent, et je ne soutiens pas la proposition consistant à donner 500 euros à tout le monde, car les personnes que j'ai rencontrées m'ont convaincu que ce n'était pas la bonne approche.

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