Intervention de Michel Messu

Réunion du lundi 16 septembre 2019 à 15h35
Mission d'information sur l'adaptation de la politique familiale française aux défis du xxie siècle

Michel Messu, professeur honoraire PHILéPOL (Centre de philosophie, d'épistémologie et de politique) :

Les questions démographiques sont vraiment des questions délicates, parce que tout cela est une idéologie, une représentation que l'on veut se faire de notre société, et en même temps, il faut tenir compte des résultats et des observations. Il y a des corrélations qui fonctionnent. Nous pouvons estimer que notre politique familiale a permis à la France de ne pas connaître les chutes de natalité qu'ont pu connaître d'autres pays européens, notamment du sud de l'Europe, où l'on pensait que la religion soudait bien et que cela ne posait pas de problème sur le plan démographique, mais ce sont eux qui ont connu de graves difficultés.

Nous pouvons penser qu'avoir une politique familiale produit des effets bénéfiques en termes démographiques. Est-ce que l'on sait exactement sur quels leviers il faut jouer pour renforcer cet effet démographique ? Cela me semble peut-être plus délicat à faire. Si les familles, les individus qui forment et qui vont composer une famille se sentent soutenus par une politique publique, je pense qu'il s'agit d'un facteur favorable. C'est l'idée que finalement l'individu et la famille aujourd'hui, ce n'est plus une unité qui est fermée sur elle-même, qui va régler et organiser tous les problèmes qu'elle peut rencontrer. En effet, elle est articulée au reste de la société et de ce fait, elle a besoin de sentir qu'il y a éventuellement des appuis en termes de politiques publiques qui existent et qui font que ce qu'elle veut faire comme famille sera quelque chose de réalisable, de possible et que l'on pourra mettre en œuvre.

Est-ce que la politique familiale doit envisager d'autres sujets que l'enfant ? Est-ce qu'il ne faut pas repenser une politique familiale autour des ascendants ? Quelle serait cette politique familiale ?

Aujourd'hui, il me semble que la famille n'est pas simplement constituée de parents et d'enfants. Il y a aussi des ascendants qui interviennent à différents moments dans le parcours des individus. Comment une politique familiale pourrait aussi prendre en compte ces autres membres de la famille qui interviennent dans le fonctionnement ordinaire de la famille, dans la façon dont elle va pouvoir vivre chaque jour comme une famille ?

Je pense qu'il y a un vrai sujet, mais je ne vois pas immédiatement sous quelle forme, parce que ce ne sont pas des crèches ou des équipements pour accueillir les personnes âgées qui vont suffire. Cela tourne autour des statuts et des identités, parce que c'est l'identité du parent, du grand-parent, du beau-parent qui émerge et qui est assez répandue. Des grands‑parents vont revendiquer une capacité à intervenir auprès de leurs petits-enfants, surtout s'il y a des conflits entre les membres du couple parental. La possibilité d'envisager un statut du parent qui ne soit pas simplement limité à celui des géniteurs est un sujet qui émerge à travers un certain nombre de questions qui peuvent relever du droit civil dans certains cas, et qui relèvent des relations entre les individus. Parfois, le droit est assez fluctuant ou insuffisant pour essayer de répondre à ces questions.

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