Intervention de Michel Messu

Réunion du lundi 16 septembre 2019 à 15h35
Mission d'information sur l'adaptation de la politique familiale française aux défis du xxie siècle

Michel Messu, professeur honoraire PHILéPOL (Centre de philosophie, d'épistémologie et de politique) :

Que chaque individu soit attaché à la famille, c'est incontestable. Cela se manifeste de multiples façons. Je crois qu'à la question que l'on posait dans les années 1970 (« Est-ce fini, la famille ? »), nous avons définitivement répondu que la famille, ce n'est pas fini, cela continue à exister et existe même bien. Les sondages d'opinion montrent que ce à quoi nous sommes attachés, c'est effectivement la famille. La famille structure la façon dont les individus se pensent intégrés dans la société.

Pour autant, à mon sens, cela ne veut pas dire que c'est la famille qui va être le support de l'organisation sociale. Il y a un décalage entre la représentation que l'on se fait de la façon dont on est intégré dans une société, et les modalités effectives de l'intégration des individus. Là-dessus, je suis d'accord pour dire que la famille est une représentation centrale pour les individus.

Tout à l'heure, lorsque je disais que l'enfant s'autonomise, s'individualise, cela ne veut pas dire qu'il le fait en rejetant la famille, il le fait à l'intérieur de la famille. Par exemple, aujourd'hui, l'enfant va avoir des compétences qui paraissent nouvelles par rapport à l'enfant d'il y a 50 ans. Ce n'est plus le même enfant que nous avons au sein des familles, mais il est toujours dans une famille d'une façon ou d'une autre. Sur ce point-là, je n'ai pas de difficultés pour suivre Julien Damon.

Sur l'idée d'un service public de l'enfance à la charge obligatoire des collectivités territoriales, il me semble que cela existe déjà et c'est ce qui caractérise la situation française. Il y a déjà beaucoup de choses qui relèvent d'une sorte de service public en direction de l'enfant : l'école à trois ans, les crèches qui ont été développées et la politique familiale qui a soutenu ces crèches, etc. Tout cela est de la politique de la petite enfance.

Aujourd'hui, il s'agirait peut-être de la systématiser, c'est-à-dire de faire en sorte que là où il y a des manques criants, nous puissions trouver les réponses pour permettre la garde de l'enfant. Il y a eu beaucoup de réponses que nous avons cherché à donner, qui font qu'il y a malgré tout un maillage assez fin de prise en charge du petit enfant. D'autres pays ne connaissent pas cela. Il y a beaucoup de difficultés. Je pense qu'aujourd'hui, il faudrait peut-être systématiser, faire en sorte que là où se trouvent les enfants, il y ait les réponses pour la garde des enfants. Souvent, nous avons un décalage, car quand les populations vont s'installer en périphérie des grandes villes, les crèches ne suivent pas toujours et elles n'ont pas encore été créées. Il y a un certain nombre de choses qui relèvent de l'ajustement de la politique.

D'ailleurs, je ne sais pas si nous pouvons concevoir une autre politique de la petite enfance. Il s'agit d'une autre question, mais cela me semble une question assez délicate étant donné qu'il y a de multiples institutions qui interviennent sur la petite enfance : la santé, l'Éducation nationale, etc. Quelle politique cohérente pouvons-nous envisager ?

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