Intervention de Éric Maury

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 11h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Éric Maury, président de la Société de réanimation de langue française :

La prise en compte de l'âge et des comorbidités n'a pas commencé avec l'épidémie. Ce qui a changé, c'est la maladie. La prise en charge d'une pneumonie nécessite habituellement quatre à cinq jours de ventilation, ce qu'une personne de 75 ans peut supporter. Avec le covid‑19, pour une raison qui m'échappe, ce sont deux, trois, quatre, cinq, parfois six semaines de ventilation qui sont nécessaires. Nous nous sommes rapidement aperçus que les patients de plus de 75 ans que nous soumettions à ce traitement ne pouvaient faire les frais d'un tel marathon, et avons alors décidé qu'il n'était pas raisonnable de leur proposer la réanimation.

La DGS et la DGOS m'appelaient régulièrement au sujet du manque de respirateurs. Or, il n'y a qu'un fabricant français sur le marché, Air Liquide, et son rythme de production ne permet pas de produire 10 000 respirateurs d'un coup de baguette magique. Le seul matériel qui pouvait être fabriqué par l'entreprise dans le temps imparti était le respirateur Osiris 3 qui, bien que n'étant pas à proprement parler une machine de réanimation, pouvait, sous certaines précautions approuvées par la SRLF et la SFAR, être utilisé pour ventiler des patients atteints du covid. C'est pourquoi une commande de 8 500 pièces a été passée, ainsi que de 1 500 modèles plus modernes. Air Liquide s'est allié à PSA, Valeo et Schneider Electric pour la fabrication, et les respirateurs sont arrivés sur le marché à la fin du mois de mai.

Alors que nous étions sous l'eau, c'était notre seule bouée. Nous aurions préféré disposer de respirateurs de réanimation, mais nous n'avions ni le temps ni les moyens d'en faire fabriquer.

Concernant les morts en réanimation, le projet covid‑ICU – infection au covid-19 en réanimation – a été retenu dans le cadre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) et s'est vu attribuer un financement. L'étude consiste à recenser les patients atteints de covid-19 admis en réanimation et à suivre leur devenir. Alors que près de 4 500 malades ont été entrés dans cette base, l'étude s'est arrêtée faute de moyens.

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