Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 14h05
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Monsieur le ministre, après les suspicions en islamo‑gauchisme dans le monde enseignant, après ceux en « wokisme », puis la tentative de mise au pas par l'article 1er de la loi pour une école de la confiance, vous avez franchi, hier, un nouveau pas dans la menace à l'encontre d'enseignants qui, selon vous, ne transmettraient pas les valeurs de la République. Il n'y a jamais de données précises, vous ne dites jamais exactement de qui vous voulez parler. Je rappelle que la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires garantit à la fois la liberté pédagogique et la pleine liberté d'opinion.

Quelle sera la prochaine étape ? Allez-vous envoyer les services de renseignement dans les meetings politiques pour faire des comptes rendus ? Le pas franchi est grave et indigne de votre fonction. Faute de répondre aux besoins, vous tentez une grande opération de disqualification de celles et ceux qui réclament des moyens. Il ne suffit pas, monsieur le ministre, de qualifier d'historique ou d'inédit chacune de vos propres annonces pour qu'elles le soient réellement.

Vous le constatez donc, le contexte du budget et le budget ont un lien. Nous considérons que celui-ci est étanche, insensible à la crise touchant le métier d'enseignant. Il semble ignorer la situation démographique et la hausse d'effectifs par classe au lycée comme au collège, les chiffres publiés par votre ministère le montrent, en 2022 et 2023. Il part d'une argumentation sur les heures supplémentaires censées compenser les suppressions d'emplois. Or les heures supplémentaires programmées n'ont pas été totalement consommées, car les enseignants n'en peuvent plus de travailler plus, même s'ils veulent gagner plus, ce que vous leur promettez de longue date. Il y a bien une hausse de la pression sur les heures supplémentaires, mais pas consommation, laquelle est pourtant budgétée à grands coups de communication. En outre, les emplois supprimés ne sont pas compensés. Au total, depuis cinq ans, près de 8 000 emplois d'enseignant ont été supprimés, dans un contexte de hausse soutenue des effectifs.

Ce budget ne dit pas un mot de la politique de recrutement, ni de la crise du recrutement, qui motivent le besoin de souplesse. Pourtant, l'amélioration des conditions d'enseignement est au cœur de cette crise. Pour ceux qui la réclament, la violence des propos tenus hier est grande. J'ajouterai cette incroyable affirmation selon laquelle ces heures supplémentaires étant payées, elles participeraient de la revalorisation tant attendue.

Madame la secrétaire d'État, vous avez évoqué les contrats locaux d'accompagnement pour l'enseignement public dans les trois académies en phase d'expérimentation, mais vous n'avez pas parlé des collèges et lycées privés. Je comprends que vous l'ayez évité, mais pourquoi des établissements privés bénéficient-ils de CLA et de forfaits externat, ce qui signifie des élèves supplémentaires ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.