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Intervention de Florence Parly

Réunion du mardi 6 octobre 2020 à 18h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Florence Parly, ministre des Armées :

C'est un plaisir pour moi de vous retrouver pour cette traditionnelle audition de présentation du budget et pour vous féliciter, Madame la présidente, pour la confiance que vous ont renouvelée vos collègues en vous réélisant à la tête de la commission, ainsi que les membres du bureau. J'ai une pensée particulière pour le président Olivier Faure et pour Josy Poueyto, convalescents.

Mes pensées vont aussi aux victimes des terribles intempéries qui se sont abattues sur les Alpes-Maritimes, et aux personnes disparues ; j'adresse tout mon soutien à leurs familles et à leurs proches dans cette épreuve. Face à la catastrophe provoquée par la tempête Alex, les armées, vous l'avez dit, ont été mobilisées pour venir en aide à la population de Saint-Martin-Vésubie et des villages environnants. Quatre hélicoptères de transport Puma et Caïman ont évacué et mis à l'abri 420 personnes depuis samedi ; ces moyens aériens ont également permis d'acheminer des équipes de sauvetage de la sécurité civile et des stocks de nourriture et d'eau dans les lieux en situation critique, totalement coupés du monde. Plusieurs unités de l'armée de terre, de la Légion étrangère et des chasseurs alpins déblayent les routes, dégagent les axes, remettent en état tout ce qui pourra l'être et aident les secours à rétablir le plus rapidement possible la circulation et à rouvrir les axes de la vallée de la Roya. Comme vous l'avez fait, je salue leur engagement et celui de l'ensemble des secours, notamment des militaires des unités de la sécurité civile à pied d'œuvre depuis la nuit de vendredi à samedi.

En présentant le budget 2020, il y a un an, j'avais rappelé que le Premier ministre Michel Rocard, pour lequel j'ai le plus grand respect, considérait la loi de programmation militaire comme « un pur exercice de poésie ». Le budget 2021 dément à nouveau cette affirmation : cette année encore, le budget de la mission « défense » respecte à la lettre les engagements et la trajectoire financière de la loi de programmation militaire (LPM) pour la troisième année de sa mise en œuvre. C'est d'autant plus satisfaisant que certains d'entre nous gardent le souvenir de nombreuses lois de finances initiales contredisant la LPM dès la deuxième année de sa mise en œuvre. En réalité, le budget des armées est en progression pour la quatrième année consécutive et, en 2021, il sera en hausse de 1,7 milliard par rapport à 2020, ce qui le portera à 39,2 milliards.

Ce budget, qui est la mise en œuvre tangible des engagements pris par le président de la République dès 2017, poursuit et consolide la remontée en puissance de nos armées amorcée il y a quatre ans, avec un mot d'ordre simple : réparer et préparer. Il faut d'une part réparer des armées qui, intensément sollicitées ces dernières années, s'étaient usées. Nous avions fait ensemble le constat, en 2017, de matériels vieillissants et de capacités affaiblies par un budget de la défense qui a longtemps été une variable d'ajustement du budget de l'État. Il faut d'autre part préparer l'avenir, les conclusions de la revue stratégique de 2017, relevant de nouvelles menaces et une multitude d'incertitudes concernant le futur des relations et des équilibres entre les puissances, nous ayant conduits à nous doter d'un plan de bataille visant à redonner à la France un modèle d'armée complet.

Ce plan de bataille, c'est la LPM, qui a sans cesse augmenté les moyens du ministère des armées ces dernières années. Lorsque j'ai pris mes fonctions en 2017, les crédits budgétaires de la mission « défense » étaient de 32,2 milliards. Depuis, chaque année sans exception, ce budget a été augmenté : de 1,8 milliard en 2018 puis de 1,7 milliard chaque année. Avec un budget établi à 39,2 milliards en 2021, les armées disposent de 7 milliards supplémentaires, et de 18 milliards cumulés, pour s'équiper de matériels modernes, s'entraîner et mieux remplir leurs missions.

Le budget 2021 de la défense représente aussi, dans le contexte particulier que nous connaissons, une contribution essentielle à la relance économique : ces 39,2 milliards bénéficient directement à des entreprises françaises réparties sur tout le territoire. J'ajoute que pendant la durée complète de la LPM 2019-2023, 110 milliards seront injectés dans l'économie pour les équipements, les infrastructures et le maintien en condition opérationnelle (MCO). C'est l'équivalent en cinq ans d'un plan de relance pour les seules questions de défense, plan de relance qui ne connaît ni report – au contraire, nous avons anticipé certaines commandes dans le cadre du plan de soutien à l'aéronautique – ni interruption. Le 29 septembre dernier, le ministère des armées a passé commande à NHIndustries de dix hélicoptères NH90 destinés à équiper le 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales. Thales et Safran en seront les équipementiers principaux ; Airbus Helicopters est l'actionnaire principal de cette co-entreprise européenne. Cette commande, qui contribuera à faire vivre les sous-traitants des trois entreprises, conférera aux forces spéciales les capacités nécessaires tout en harmonisant la flotte d'hélicoptères de l'armée de terre, ce qui est particulièrement utile au MCO.

Le budget 2021 de la défense est aussi un plan de relance à l'emploi. Comme vous l'avez rappelé, le ministère des armées sera en 2021 le premier recruteur de France avec près de 27 000 recrutements et la poursuite de l'effort engagé dans le domaine du renseignement, de la cyberdéfense et du numérique.

Les 39,2 milliards de ce budget seront affectés conformément aux quatre axes de la LPM. Pour ce qui concerne l'amélioration des conditions de travail et de vie des personnels militaires et civils de la défense, j'insisterai sur les éléments clés illustrant le budget « à hauteur d'homme » que nous voulions. D'abord, nous affecterons 38 millions au lancement de la nouvelle politique de rémunération des militaires. Ce projet, inscrit dans la LPM, vise à réformer un système de solde bien trop complexe pour mieux prendre en compte les enjeux sociaux propres aux armées et simplifier le calcul de la solde et la rendre plus immédiatement compréhensible. Ce sera la première étape d'un ensemble beaucoup plus vaste qui se déploiera jusqu'en 2023.

Ensuite, nous consacrerons 237 millions à l'amélioration des conditions d'hébergement des militaires, dans le cadre du programme « hébergement » pour lequel est prévu un milliard pour la durée de la LPM.

D'autre part, le renouvellement des petits équipements, qui faisait l'objet d'une attention particulière de votre commission dès nos premiers échanges, il y a trois ans, se poursuit : 12 000 nouveaux fusils HK-416 sont prévus pour remplacer les Famas ; cela portera le nombre de fusil HK à plus de 50 000 à la fin de 2021. La même année, 126 000 nouveaux treillis ignifugés F3 seront perçus en dotation par les unités. Aujourd'hui, tous les soldats en OPEX et 75 % des militaires en métropole en sont équipés ; à la fin de l'année, tous seront dotés de ce nouveau treillis résistant et adapté aux missions.

Enfin, à la lumière de la crise sanitaire, l'accroissement des crédits consacrés au SSA est important. A très court terme, des moyens financiers supplémentaires seront mobilisés pour faire face à la pandémie, et j'ai précisé samedi dernier les orientations que je souhaite pour consolider ce service dans sa mission première, le soutien de nos forces armées.

Le deuxième axe de la LPM est le renouvellement des capacités opérationnelles des armées. À ce sujet, je puis vous dire que les livraisons et les commandes se poursuivront également pour moderniser les matériels et les équipements lourds. C'est aux programmes d'armement majeurs pour nos armées qu'iront près des deux tiers de l'augmentation de 1,7 milliard du budget 2021.

Comme l'exige la LPM, le budget 2021 contribuera aussi à la consolidation de notre autonomie stratégique. Ce disant, et alors que l'armée de l'air est devenue l'armée de l'air et de l'espace, je pense au développement de nos capacités spatiales, auxquelles nous consacrerons 624 millions, et à un autre chantier essentiel à notre souveraineté : la poursuite du renouvellement des deux composantes, aéroportée et océanique, de la dissuasion française, à raison de 5 milliards en 2021.

Le dernier axe de la LPM est l'innovation pour préparer le futur. À cet égard, 2021 sera l'année de la commande du démonstrateur de système de combat aérien du futur que nous construisons avec les Allemands et les Espagnols. Il devrait en conséquence prendre son envol en 2026 pour être opérationnel à l'horizon 2040. Mais la préparation du futur passe aussi par l'innovation, et nous consacrerons près de 900 millions en 2021 à la conception des technologies de demain, en bon chemin vers le milliard annuel qui sera atteint en 2022. L'année 2021 sera également celle de la mise en œuvre du fonds Definnov, doté de 200 millions pour soutenir le développement de technologies duales et transversales par le financement en fonds propres d'entreprises innovantes.

Le budget 2021 de la mission « défense » est une démonstration de constance, de confiance et de relance. Il poursuit notre mission, qui est de donner aux armées les moyens de protéger la France et les Français, aujourd'hui et demain, et de soutenir notre BITD.

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